jeudi 13 décembre 2012

Jeu d'écriture N°2 - C’était une belle après-midi d’Automne - Texte d'Élise Vieira


C’était une belle après-midi d’Automne.
Le soleil baigne les terrasses Parisiennes où le retraité cotoie la lycéenne qui fait l’école buissonnière et moi.
À l’angle de la rue Bagnolet et du Boulevard de Charonne, pendant que moi je me hâte en allers-retours, de la terrasse au bar, du bar à la terrasse … Je dois bien faire un marathon de 21 kilomètres tous les jours, tout ça pour des clopinettes ! Les gens se prélassent en prenant tout leur temps. Ils ne rendent pas compte que je suis là pour gagner ma vie, moi ! Regardez, cette fille qui est assise avec son café depuis plus d’une heure maintenant pour seulement 2€50 ! Bah ! ces écrivains, c’est les pires, pis c’est pas eux qui laisserait un pourboire en plus ! V’la qu’elle papote avec sa voisine maintenant. Ah ! Je vous parie que dans une heure, elle est encore là !
Mais bien sûre, j’ai que ça à faire ! Et un verre d’eau en plus, il aurait pas pu me le demander avec son café ! Lui au moins, il lis pas, il écrit pas, il sera vite parti.
On ne m’y reprendra pas à accepter des extras dans des quartiers où il y a pas un seul touriste, ça vaut pas la place des Ternes ! Y a des Russes. Les Russes, eux je les aime bien ! Il y en a un, une fois qui m’a laissé 50€ de pourboire. Et les Américains ! Eux aussi, ils ont compris que le service, ça se paye !
Là, c’est le ponpon ! « Madame Audrey » ne veut rien. Si elle ose le coup de l’ordinateur portable, je la vire illico ! Moi qui croyais qu’il serait vite parti celui-là. C’est décidé, demain je cherche une autre place. Je ne le supporte plus ce quartier de gauchos ! C’est ça, casse-toi, la gribouilleuse, il était temps !

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C’était une belle après-midi d’Automne.
Le soleil baigne les terrasses Parisiennes où le retraité cotoie la lycéenne qui fait l’école buissonnière et moi.
À l’angle de la rue Bagnolet et du Boulevard de Charonne, pendant que je m’efforce de décrire le mouvement de la ville au rythme de mes déplacements de la journée, le serveur sort sa carte et le retraité a presque terminé son Loto Foot. Un gars vient de s’asseoir en face. Il est occupé à rien.
J’ai à peine le temps de m’interroger sur cet homme quand une dame rondouillarde, l’air de s’être pas lavée la veille, tire la chaise juste à ma gauche. Toutes ces tables vides et il faut que cette cinglée vienne envahir ma sphère intime ! Irritée, je suis sur le point de signifier à mon agresseur que les tables vides ne manquaient pas quand elle se met à me parler. Instantanément désarmée par la bonhomie de son expression et ses promptes excuses, j’abandonne ma colère et décide de me laisser faire. Elle veut me parler. Qu’elle me parle. Après tout, j’ai fini mon café et je peux prendre cinq minutes.
Quand une personne force le dialogue au point feindre de ne pas voir que vous êtes occupé, c’est que le besoin est urgent. Je ne tarderai pas à apprendre qu’elle était est au dernier stade de son cancer. Ce qui m’a le plus frappé dans cet échange, c’est l’effort de positivisme qu’elle déployait et le mien à ne rien laisser transparaître de ma peine. Que cherchait-elle ? Raconter son malheur au plus grand nombre pour ne pas mourir toute seule ? Se convaincre que tout n’allait pas si mal ? Ou encore tester sur un autre l’annonce d’une mort imminente ? Mon irritation s’était transformée en un sentiment d’otage. Je ne voulais prendre aucun risque. Ne surtout pas s’apitoyer. Difficile mais certainement le meilleur comportement à adopter, pour elle.
Il est onze heures, je ne sais pas trop comment abréger. La lycéenne est partie. En face, soudain le gars se lève en criant « Audrey ! ».
Devant moi, derrière eux, un écriteau indiquant le Père Lachaise, je décide malgré tout de poursuivre mon traiter sur la ville par la racine. Je payai mon café et parti en prétextant bêtement que le temps passait vite.
Le serveur encaissa rapidement, sans me remercier.

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C’était une belle après-midi d’Automne.
Le soleil baigne les terrasses Parisiennes où le retraité cotoie la lycéenne qui fait l’école buissonnière et moi.
À l’angle de la rue Bagnolet et du Boulevard de Charonne, pendant que j’attends Audrey, une fille, en face, écrit sur un cahier.
Cette fille, je l’ai dans la peau. Cette fois, je lui dis !
Je me lance, je lui dis qu’elle est belle. « Je vous trouve belle ». C’est nul !
« Vous a-t-on déjà dis que vous étiez belle ?». C’est ringard !
« T’es pas belle, t’es sublime Audrey! »… Grrr …Ça va pas du tout. Je laisse tomber !
Elle a une démarche de bateau qui chaloupe. Son petit nez bouge comme un bouton qui clignote. Quand elle parle, elle se hisse comme pour prendre de la hauteur, elle est encore plus effilée. Elle rit fort, c’est presque gênant, mon joli roseau qui siffle au vent … Ses cheveux sentent la pomme et reflètent la lumière. « Audrey, tu reflètes si bien la lumière ». Ah ! Pitié …
Dis donc, pas cool, ce serveur !
Tiens ! Miss cahier discute avec sa voisine. Elles ont l’air de bien s’entendre, ça fait un moment.
Ah, Audrey, enfin ! Est si bêêlle !
« Audrey ! »

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